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sam. 16 déc. | 20h | La Rochefoucauld, Salle des Carmes

Récital de piano
Autour de Gabriel Fauré

De Liszt à Franck, toute la richesse et l’émotion de l’écriture romantique dans l’interprétation d’un jeune virtuose.

Jean-François Heisser, piano

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© Lydia Kasparian

Date et lieu

16 déc. 2023, 20:00 – 22:00

La Rochefoucauld, Salle des Carmes, 39 Rue des Halles, 16110 La Rochefoucauld-en-Angoumois, France

Programme du concert

Ludwig van Beethoven

(1770 - 1827)

6 Bagatelles, op. 126 (1823-1824)

1. Andante con moto. Cantabile e compiacevole

2. Allegro

3. Andante. Cantabile e grazioso

4. Presto

5. Quasi allegretto

6. Presto — Andante amabile e con moto

Carl Maria von Weber

(1786 – 1826)

L'invitation à la valse (rondo brillant), op. 65 – (1883)

Gabriel Fauré

(1845 – 1924)

Trois Nocturnes pour piano, op. 33 - (1875-1883)

1er nocturne

- Pause -

Robert Schumann
(1810 – 1856)
Davidsbündlertänze, 18 pièces de caractère pour piano, op. 50 - (1837)

Jean-François Heisser nous offre aujourd'hui un voyage entre préromantisme avec Beethoven et Weber, romantisme avec Schumann, et post-romantisme avec Fauré.

 

Beethoven écrit ses Bagatelles opus 126 dans les dernières années de sa vie, en parallèle à la 9ème Symphonie. Après ses 32 Sonates, le compositeur éprouve clairement le besoin de travailler la « petite » forme, comme dans son autre chef d'œuvre tardif, les Variations Diabelli qui sont une suite de miniatures sur un thème très court. 

Mais laissons parler Romain Rolland :

« Voyez le ciel innocent du début de la 1re Bagatelle. Mais il faut un rien pour qu'il se trouble. Ne craignez pourtant pas que, comme dans les œuvres anciennes, il ne risque jamais d'être envahi par la pathos et l'émotion indiscrète. Une suprême maîtrise de l'art distribue les nuances avec justesse et précision ; jamais Beethoven n'a su attacher tant de prix au détail. Que l'ordre de ces six Stimmungsbilder si variés ait été, non fortuit, mais médité, nous autorise à y chercher le déroulement d'une journée de l'âme de Beethoven, et la succession de ses associations de sentiments. Nous y lisons bien plus nettement que dans les grandes œuvres, qui obéissent à leur plan impérieux, la mobilité extrême de cet esprit, capable de goûter la paix la plus pure et ses délices, mais dont la porte est constamment ouverte aux souffles de l'inquiétude (2e Bagatelle). Il y a dans ces petits morceaux bien des parentés avec les derniers quatuors. Le plus frappant peut-être, le trio de la 4e Bagatelle, où sur une pédale profonde la mélodie précipitée volette dans les espaces nocturnes, y monte par coups d'ailes entrecoupés, et finit par s'y perdre - ou redescend en planant et s'apaise. C'est la première des crises d'extase qui saisissent Beethoven, dans ses trios-scherzos des quatuors opus 132 et 135, ces rondes vertigineuses des étoiles, qui contrastent et s'associent avec des mouvements sauvages et élémentaires. 

Le titre de « Bagatelle » n'est évidemment pas à comprendre par « pièce légère ». C'est plutôt une confirmation que Beethoven n'accordait guère d'importance aux titres : les Sonates Pathétique, Appassionata et autres À Thérèse ont été dénommées par les éditeurs, dans un souci de commercialisation. 

 

Il est notable que Fauré, ayant la même attitude, aurait préféré que ses pièces pour piano portent seulement des numéros. Mais les éditeurs ont insisté pour publier des Barcarolles, des Valses caprice, des Romances sans paroles...et bien entendu les Nocturnes.

Le premier, opus 33.1, est une pièce particulièrement sombre et mélancolique. La tonalité de mi bémol mineur se révèle ici tout autant l'expression d'un ciel chargé que des profondeurs insondables de l'océan. Fauré regarde-t-il vers l'Allemagne, avec cette phrase implorante de la partie centrale que Brahms a également beaucoup utilisée ? De plus, le motif complémentaire en courbe retournée sur elle-même semble un souvenir du rouet de Marguerite, dans le Lied de Schubert. Destin implacable, vains espoirs. Ce Nocturne ouvre non seulement le cycle des treize Nocturnes, sommet de la musique française, mais aussi toute la production pianistique de l'âge d'or français qui va se poursuivre avec Debussy, Ravel … Paul Dukas s'en souviendra évidemment en composant son unique Sonate, dans la même tonalité de mi bémol mineur. Fauré y déploie déjà l'imagination stupéfiante dont il fera preuve toute sa vie concernant l'écriture pianistique.

 

Carl-Maria von Weber (1786-1826) est l'auteur du Freischütz, grande date de l'histoire de l'opéra. Sur le plan instrumental, outre les notoires concertos pour clarinette, il a laissé quelques œuvres de musique de chambre et de piano incluant 4 Sonates et cette Invitation à la Valse qui semble être la première Valse de concert écrite pour le piano, en 1819. Entendons par là : la première Valse destinée à être jouée et écoutée, non à être dansée. Liszt et Chopin l'ont bien compris et la jouaient en concert. Comme à son habitude, Weber truffe la thématique bavaroise de gammes et d'arpèges brillants assurant le succès de la pièce.

 

Avec les Davidsbündlertänze (danses des compagnons de David) opus 6, nous entrons dans un monde proche des Bagatelles de Beethoven. Elles les suivent d'ailleurs de façon proche, une quinzaine d'années. Il s'agit d'un ensemble de pièces courtes composées par Schumann dans sa première période créatrice, consacrée exclusivement au piano solo.

Le titre est inspiré par la lutte biblique de David contre les Philistins, transposée avec humour par Schumann en lutte des défenseurs de la nouvelle musique contre les conservateurs et détracteurs. Pour la plupart peu dansants, ces morceaux sont aussi l'expression des luttes personnelles de Schumann contre le père de Clara Wieck, qui s'oppose à leur mariage. Schumann confesse que, dans les danses opus 6, beaucoup de pensées nuptiales sont cachées et que l'histoire est toute une veille de noces. L'œuvre est très contrastée et se présente comme un kaléidoscope de caractères variés. Schumann exprime les facettes extrêmes de sa personnalité à l'aide de ses deux personnages imaginaires favoris : Eusebius et Florestan. Ce dernier représente « l'assaillant fougueux et pétulant, entièrement honnête, mais souvent adonné à des caprices les plus étrange » tandis qu'Eusébius est « l'adolescent tendre qui toujours reste modestement dans l'ombre ».

L'œuvre s'ouvre par une citation de la Mazurka Op. 6 de Clara, qui était non seulement une excellente pianiste mais aussi une compositrice. Schumann expérimente une écriture pianistique révolutionnaire, nourrie de polyrythmie ; l'utilisation de la pédale forte fait partie de la conception sonore, ce qui est nouveau à l'époque. On peut sans crainte affirmer que l'opus 6 est le premier grand chef d'œuvre de Schumann, son premier grand cycle. Il sera suivi de peu par le Carnaval opus 9, les Kreisleriana et la Fantaisie opus 17.

À propos de l'artiste

Jean-François Heisser, piano - " Artiste complet ", l’expression prend tout son sens avec Jean-François Heisser, pianiste, chef d’orchestre, pédagogue à la vaste culture et à la curiosité sans cesse en éveil. Il est l’héritier de Vlado Perlemuter, Henriette Puig-Roget et Maria Curcio. Il a lui-même enseigné le piano de 1991 à 2016 au CNSM de Paris. Parmi ses disciples on peut citer Bertrand Chamayou et Jean-Frédéric Neuburger avec lesquels il entretient une relation de grande complicité musicale.

Son activité est aujourd’hui partagée entre une carrière de soliste, de directeur musical de l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine, de chef invité, et aussi de directeur artistique pour différentes structures et programmations de premier plan. Sa discographie compte plus de 40 enregistrements : après le grand succès des œuvres de Paul Dukas (Diapason d’or de l’année) il collabore avec Erato (Coffret de 6 CD consacrés au répertoire espagnol, Schumann, Brahms, Saint Saëns, Debussy, etc.) puis Naïve (Beethoven, Brahms) et Praga Records (Weber, Berg, Manoury, Bartok…). Il enregistre aujourd’hui essentiellement pour les Musicales Actes Sud (Albéniz, Mompou…) et Mirare, en solo et avec l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine.

Soliste, il joue sous la direction des plus grands chefs tels que Janowski, Tilson-Thomas, Segerstam, Krivine, Mehta, Plasson, Roth etc. avec, entre autres, le London Symphony Orchestra, l'Orchestre Philharmonique de Radio France, le Royal Philharmonic Orchestra, l'Orchestre de Paris, le Bayerischer Rundfunk, l'Orchestre National de France, Les Siècles... Il se produit beaucoup en récital avec une prédilection pour Beethoven (Sonates, Variations Diabelli etc..), Brahms, Chopin, le répertoire espagnol (Albéniz, Falla, Granados, Mompou) et bien sûr les grands compositeurs français d’hier et aujourd’hui. Outre les grands concertos et les pièces majeures du répertoire pianistique, il défend les œuvres du XXème siècle et la création contemporaine. Son exigence d’interprète le conduit à jouer régulièrement sur pianos historiques. Il joue particulièrement un magnifique Chickering de 1868 (programme Ravel avec Pierre Fouchenneret et Marc Coppey – Un récital solo autour de Chopin…).

Chambriste, Jean-François Heisser a bien évidemment parcouru tout le répertoire avec des partenaires tels que les Quatuors Ysaye, Lindsay et Pražák. Si son enregistrement des sonates de Bartok avec Peter Csaba (Praga) demeure aujourd’hui incontournable, il a aussi beaucoup défendu le répertoire à 4 mains et 2 pianos. Il reste un des partenaires les plus demandés tant par des artistes confirmés que par la jeune génération. Vient de paraître chez Mirare un enregistrement de Mantra de Stockhausen avec JF. Neuburger.

 

Directeur musical, il développe depuis 2001 le projet de l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine qu’il a hissé au plus haut niveau des formations de chambre françaises, ainsi qu’en attestent les nombreux enregistrements réalisés pour le label Mirare dont une intégrale des concertos pour piano de Beethoven. Vient de paraître un enregistrement unanimement salué de Des Canyons aux Étoiles d’Olivier Messiaen. Un disque consacré à Ravel - incluant le concerto en Sol - est à paraître fin 2023.

 

Directeur artistique, sa complicité avec les Éditions Actes-Sud l’a conduit à assurer la programmation des Soirées Musicales d’Arles. A partir de 2015, il est conseiller artistique du Festival de l’Orangerie de Sceaux. Il est aujourd’hui Président (depuis 2000) et co-directeur artistique du Festival Ravel en Nouvelle-Aquitaine, unissant l’Académie Ravel et une programmation festivalière de haut vol qu’il mène aux côtés de Bertrand Chamayou.

© Lydia Kasparian

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