Samedi 18 janvier | 20h | Salle des Carmes, La Rochefoucauld-en-Angoumois
Récital de piano
Présentation du récital
Ravel s'est évidemment inspiré de Schubert et plus généralement des valses viennoises pour écrire ses « Valses nobles et sentimentales » tout d'abord, puis son poème chorégraphique « La Valse » de 1920. Pour autant, l'évolution est vertigineuse entre les aimables danses de Schubert et « La Valse », cette dernière étant le reflet d'une société sombrant dans l'abîme. La première guerre mondiale – durant laquelle Ravel était conducteur de camion proche du front - hantait encore les esprits. Comme il le dit lui-même, c'est une « espèce d'apothéose de la valse viennoise à laquelle se mêle dans mon esprit l'impression d'un tourbillon fantastique et fatal ». Il s'agit d'un des chefs d'œuvre pour orchestre les plus joués au monde. Bien que le compositeur en ait laissé une version pour piano solo, les pianistes virtuoses préfèrent souvent réaliser la leur, tels Glenn Gould ou Jean-Frédéric Neuburger pour nous aujourd'hui.
Intermède dans la première partie, la « Pavane pour une infante défunte » est l'une des œuvres de jeunesse conservées par Ravel. Son titre est essentiellement poétique, évoquant pour l'auteur « une pavane qu'aurait pu danser telle petite princesse jadis à la cour d'Espagne ». L'influence de Chabrier est encore très présente ; d'après Ravel, l'interprétation remarquable de Ricardo Vines à la création aurait grandement contribué à son succès.
L'écriture pianistique de Ravel est souvent affiliée à celle de Liszt, comme chez nombre de ses contemporains français. L'Impressionnisme au piano s'est naturellement développé dans la lignée des « Jeux d'eau à la villa d'Este », « Au bord d'une source » et autres ruissellements aquatiques de Liszt. En outre, les compositeurs de cette génération étaient imprégnés de la musique de Wagner, pensons à Chausson, Duparc ou Fauré, le professeur de Ravel au conservatoire.
Il est donc bienvenu de continuer le concert avec Liszt et Wagner. Liszt a écrit énormément de transcriptions d'opéras et d'œuvres orchestrales, dont le but était avant tout de diffuser les nouvelles musiques en pouvant les jouer au piano en toutes circonstances plus restreintes que la salle de concert. L'ouverture de Tannhäuser est l'une de ces transcriptions emblématiques ; sa richesse harmonique et son écriture virtuose en font l'un des sommets du genre. Jean-Frédéric Neuburger la couple judicieusement avec l'air « O du, mein holder Abendstern » du même opéra, à la couleur chromatique si particulière.
« Après une lecture du Dante, Fantasia quasi Sonata » est écrite par Liszt de 1839 à 1849. Chef d'œuvre de la musique à programme, elle met en scène la dualité spirituelle entre forces de l'enfer et vision bienheureuse du paradis. L'intervalle de triton (quarte augmentée, décrétée « diabolus in musica » au Moyen-Âge) est ici puissamment exploité comme symbole des tentations maléfiques. À l'opposé, un thème paisible de style plain-chant évoque le rêve de rédemption. La pièce n'est pas divisée en mouvements, se jouant d'un seul tenant. On ne peut qu'être subjugué par l'invention novatrice et l'efficacité de son écriture pianistique, à la dimension orchestrale évidente.
Merci à Jean-Frédéric Neuburger de nous offrir ce programme passionnant !
Programme du concert
Franz Schubert (1797-1828)
Valses nobles, D969 (1823)
No. 1 en do majeur
No. 2 en la majeur
No. 3 en do majeur
No. 4 en sol majeur
No. 5 en do majeur
No. 6 en do majeur
No. 7 en mi majeur
No. 8 en la majeur
No. 9 en la mineur
No. 10 en fa majeur
No. 11 en do majeur
No. 12 en do majeur
Mélodie Hongroise en si mineur, D817
Maurice Ravel (1875-1937)
Pavane pour une infante défunte, M.19
La valse (transcription piano)
- Pause -
Franz Liszt (1811 - 1886) / Richard Wagner (1813 - 1883)
Ouverture de "Tannhaüser", S. 442
"O du, mein holder Abendstern", S. 444
Franz Liszt (1811 - 1886)
Après une lecture de Dante
À propos de l'artiste
Jean-Frédéric Neuburger, piano - Né en 1986, Jean-Frédéric Neuburger étudie au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris1 où il obtient cinq premiers prix, notamment dans la classe de piano de Jean-François Heisser. Il étudie ensuite la composition et la direction d'orchestre à Genève auprès de Michael Jarrell et Luis Naon.
En tant que pianiste soliste, il est finaliste du Concours international Long-Thibaud en 2004, et remporte les auditions Young Concert Artist de New York en 2006. Il fait ses débuts avec le New York Philharmonic en 2006 dans le 3e Concerto de Beethoven, se produit avec le San Francisco Symphony, le Philadelphia Orchestra, le NHK Symphony Orchestra, les Bamberg Symphoniker, l'Orchestre de la Suisse romande, ainsi que dans des festivals comme La Roque d'Anthéron, Verbier, Lucerne, Auvers-sur-Oise, Klavier-Festival Ruhr. Il collabore avec des compositeurs contemporains comme Pierre Boulez, Philippe Manoury, Michael Jarrell.
Également organiste et compositeur depuis l'enfance, ses œuvres sont jouées par des solistes et ensembles comme Bertrand Chamayou, Raphaël Sévère, Trio Wanderer, Quatuor Modigliani, par le Boston Symphony, Singapore Symphony Orchestra, Gürzenich-Orchester Köln, Philharmonique de Radio-France, Orchestre de Paris, sous la direction de Jonathan Stockhammer, Pascal Rophé, François-Xavier Roth, Alexander Briguer, Christoph von Dohnányi.
En 2010, Jean-Frédéric Neuburger obtient le « prix Nadia et Lili Boulanger » de l’Académie des beaux-arts3 et en 2015 le prix Hervé Dugardin de la Sacem4. Sa discographie comprend des œuvres de Beethoven, Chopin, Liszt, Czerny, Barraqué, Ravel, Debussy et de sa propre composition4.
L'Auditorium du Louvre lui consacre en 2014 une série de 5 concerts « Jean-Frédéric Neuburger et ses amis ».
Sa musique est éditée chez Durand (Universal Music Publishing).
Jean-Frédéric Neuburger enseigne depuis 2010 au CNSM de Paris.